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British-made weapons could be used to target children in war zones

A child soldier in the Democratic Republic of Congo. British-manufactured arms could be sold there. Photograph: Abdelhak Senna/AFP

A child soldier in the Democratic Republic of Congo. British-manufactured arms could be sold there. Photograph: Abdelhak Senna/AFP

Britain is continuing to defy the UN by selling arms to countries where child soldiers are routinely used or where youngsters are targeted in war zones. Before the world’s largest arms and security fair, which starts in London on Tuesday, the government is ignoring UN requests that it “expressly prohibit” such sales.

New figures reveal that of the 23 countries listed by the UN for grave violations against children or where child soldiers are used, the UK sold military equipment to 19 during the past five years. They also reveal that between June 2010 and March 2015 the government approved military licences worth more than £735m to countries blacklisted by the UN committee responsible for protecting the rights of the child.

Fresh concerns over the government’s relationship with the British arms industry are compounded by the confirmation that several regimes condemned for their record on human rights received an official invitation to the Defence and Security Equipment International Exhibition exhibition in London’s Docklands.

The countries invited that are also the subject of criticism from campaigners for gross infringements of civil liberties are Angola, Azerbaijan, Egypt, Kazakhstan and Thailand.

On Thursday, the European parliament urged the Azerbaijan government to “immediately end its crackdown on civil society and human rights work” and referred to a “deteriorating situation of human rights in Angola”.

In Egypt, fears are mounting that the rule of law is unravelling alongside a heightened sense of impunity among the military since President Mohamed Morsi was removed from power in 2013.

Three countries asked to send a delegation to the fair – Saudi Arabia, Pakistan and Colombia – are on the Foreign Office’s own list of “countries of concern”.

The fair British weapons manufacturers to almost 3,000 VIPs ranging from senior generals to defence ministers. Campaigners say the government’s attitude to selling arms is evident from the volume of sales to countries where they are used by children or are used to target them.

Andrew Smith of British group Campaign Against Arms Trade said: “These arms sales are not just numbers on a page, they can have a very real and destructive impact on the situation on the ground. There can never be a mechanism for effective arms control in conflict zones; arms sales exacerbate tensions and reveal the hypocrisy at the heart of UK foreign policy.”

The countries where the UK has approved arms sales but where there is evidence that child soldiers are active include the Democratic Republic of the Congo, where hundreds of children have been recruited to armed groups and where Britain has sold £2.4m of military hardware since 2010.

Elsewhere, the UK has approved exports worth £115m to Pakistan including equipment to manufacture rifles and components for combat helicopters. The latest UN Security Council update censures the country for the “recruitment of children by armed groups, including reportedly for use as suicide bombers”.

Somalia has received £6.7m of arms from the UK, including assault rifles, ammunition and vehicles, despite the UN documenting “the recruitment and use of 1,293 children” by al-Shabaab and the Somali National Army.

Thailand received £38m of arms from the UK during that period – including weapons sight mounts and components to manufacture artillery ammunition – despite the UN receiving reports concerning the recruitment and use of girls and boys as young as 14 by armed groups.

In South America, Colombia has received £19m of military equipment from Britain over the last five years with the UN verifying a number of cases of recruitment and use of children by armed groups in 25 regions and in Bogotá, including by Farc rebels and the country’s National Liberation Army.

“Despite all of its talk about promoting human rights and democracy, the UK government has consistently sold arms into some of the most war-torn countries in the world,” added Smith.

The Foreign Office maintains that human rights violations are a “key part of its assessment” when approving arms exports and that sales are refused if there is a risk weapons could be used by or against children.

The UN committee on the rights of the child recommends that the UK “expressly prohibit, within its legislation, sale of arms to countries where children are known to be or may potentially be recruited or used in hostilities”.

When pressed on the issue earlier this year, the Foreign Office minister Tobias Ellwood responded in parliament by saying the UK “operates one of the most rigorous and transparent arms export control regimes in the world”.

Source: http://www.theguardian.com/world/2015/sep/12/child-soldiers-arms-fair-trade?CMP=share_btn_link

Chaque année, le 12 février est désormais journée internationale de l’enfant soldat. L’association ECI a marqué cette journée par une conférence de presse décalée au lundi 13 février.

Président Paul Perrin

Le but de cette conférence était, d’une part de sensibiliser l’opinion sur la situation de ces enfants soldats et, d’autre part, de faire connaître notre association à travers le projet de réinsertion qu’elle envisage de mettre en œuvre.

Comme l’an passé, le Service historique de la Défense a accepté que cette conférence puisse se tenir dans la somptueuse salle des cartes du pavillon du roi au château de Vincennes, qui, pour la circonstance, était remplie. Le général Paulus, directeur de ce service et son chef de cabinet, André Rakoto, trouvent ici nos remerciements et l’expression de notre profonde gratitude.

M. François Zimeray, ambassadeur aux droits de l’Homme, a bien voulu honorer de sa présence cette manifestation.

M. François Zimeray
Ambassadeur aux droits de l’Homme

Il a tout particulièrement insisté sur l’intérêt de la France pour cette cause et son rôle éminent au sein de l’ONU pour faire interdiction aux Etats belligérants de recruter des enfants soldats.

Le président d’ECI, Paul Perrin, après un rapide point de situation, a présenté l’association puis, partant de la problématique posée par les enfants soldats et d’une analyse des besoins en matière de réinsertion, a exposé dans ses grandes lignes le projet de l’association.

Il s’agit de la création d’un centre de réinsertion pour 50 enfants chaque année que nous voulons créer dans la localité de Kitsombiro, située au nord de la ville de Goma, dans la province du nord Kivu en République Démocratique du Congo.

Ce projet tire toute son originalité du fait qu’il est global, prend en compte l’enfant dans tous les domaines, santé, éducation, formation… mais aussi l’environnement tant familial que villageois. Il comporte deux volets, formation et développement et s’intègre dans le tissu socioéconomique local en créant des emplois valorisants et contribuant par là à l’instauration d’une paix durable.

Conférence de l’Association ECI à l’UNESCO

(samedi 12 décembre 2009)

A l’invitation  des Clubs UNESCO, Louisette LE FERS présidente de HAMAP EDUCATION et membre d’ECI, a organisé le samedi 12 décembre 2009, une présentation de notre Association et du thème essentiel  » les enfants-soldats », qui est au centre de nos objectifs dans le processus Démobilisation / Désarmement / Réintégration (DDR).

C’est ainsi que dans le cadre du colloque « Les jeunes s’engagent pour les jeunes », une équipe d’ECI a animé au siège de l’UNESCO, l’atelier « Le droit de l’enfant à un environnement de paix« , devant une audience de quelques 250 lycéens accompagnés de leurs enseignants.

Les exposés, modérés par Louisette, ont été les suivants :

  1. Présentation de l’Association ECI : buts, objectifs, valeurs, modes d’action, projets en vue (Paul Perrin)
  2. Les enfants-soldats (Louis Diatta) Télécharger l’exposé de Louis DIATTA
  3. Des témoignages d’anciens enfants-soldats réinsérés dans la société (Nathalie Delmotte-Ferreboeuf) Télécharger l’exposé de Nathalie DELMOTTE-FERREBOEUF
  4. Les filles-soldats (Elodie Pelois) Télécharger l’exposé d’Elodie PELOIS
  5. Stratégie communication / Plaidoyer d’ECI (Ibrahim El Ali)

Ces prestations ont connu un grand succès en éveillant l’intérêt du public, jeunes et adultes ; elles ont suscité applaudissements nourris et nombreuses questions, qui ont dû hélas être interrompues pour des raisons de programmation.

Devant ce très beau succès, nous comptons poursuivre notre campagne de communication, dont l’un de futurs rendez-vous marquants, sera la Journée Internationale de l’Enfant-Soldat du 12 février 2010.
Nous visons bien évidemment les agences de l’ONU concernées (UNICEF, BIT, PNUD …), l’OIF, des Groupes parlementaires et des acteurs publics ou privés. Si vous avez de tels contacts, n’hésitez pas à nous en faire part.

Un grand merci chaleureux à Louisette pour avoir organisé avec brio la conférence au profit de cette Agence prestigieuse des Nations Unies, et félicitations aux excellents orateurs qui ont su présenter avec talent, la noble cause que nous défendons. Nous espérons que de nombreux bénévoles motivés viendront nous rejoindre afin de relayer ce message, dont le point culminant sera l’évènement de février prochain.

Bernie Le Van Xieu
UN Staff New York, Rtd
Président ECI

Nathalie DELMOTTE-FERREBOEUF, DGA d’ECI – Paul PERRIN, DG d’ECI – Louisette LE FERS, HAMAP Training Manager – Louis DIATTA, DDR oficier – Elodie PELOIS, Child-Soldier officer – Ibrahim EL ALI, Dir COM


ECI-DDRComme la première partie de cette étude l’a indiqué, le continent noir est aujourd’hui la zone la plus massivement touchée par ce phénomène de l’enfant-soldat. Cependant, il est essentiel de garder à l’esprit que si les pays du tiers du monde ont une probabilité plus grande de voir se développer ce fléau, celui-ci ne leur est pas exclusif. Il s’inscrit dans une réalité, plus large, que nous dirions « mondialisée » des conflits contemporains (qualifiés précédemment de « postmodernes », marqués par la confusion des trois composantes de la « trinité remarquable » de Clausewitz, à savoir peuple, gouvernement et armée). Cet état de fait pose dès lors un problème d’identification/ délimitation des participants/belligérants, par leur caractère ambigu, protéiforme et fluctuant, donc insaisissable et difficilement prévisible, infra-étatique donc foncièrement hors-la-loi et anarchique. Un pays émergent, à la croissance accélérée (y compris démographique), peut connaître ce type de conflits internes impliquant la jeunesse si le développement ne suit pas et si l’Etat n’entreprend pas les réformes qualitatives nécessaires. L’aspect économique n’est donc certainement pas le seul déterminant, même s’il joue un rôle majeur et fait figure de facteur aggravant en tout état de cause.

Eci-jck03La lutte contre l’instrumentalisation de l’enfance à des fins militaires fait écho aux lacunes ou à l’échec patent de ces  gouvernements, en termes de respect des droits de l’enfant et de la femme, de liberté d’expression, de mise en œuvre de véritables politiques éducatives et culturelles et d’amélioration de la qualité de vie. Parvenir à faire admettre cet échec aux dirigeants concernés et la nécessité de réagir urgemment, c’est déjà faire un premier pas vers la solution. Il n’est donc guère surprenant que l’Afrique[1] qui souffre à la base d’insuffisances structurelles notoires, de mal gouvernance et de pauvreté, constitue un vivier de choix pour les groupes rebelles, qui en profitent pour élargir leur base en puisant dans les couches les plus défavorisées correspondant aux régions ayant des taux de natalité élevés et une population particulièrement jeune, souvent livrée à elle-même, faute de perspectives. Ces combattants qui ignorent tout du droit humanitaire et violent toutes les conventions internationales en vigueur, transmettent leurs « valeurs » et façonnent leurs jeunes esclaves à leur image. Les éléments d’approche polémologiques et psychologiques de cette problématique sont communs à la majorité des situations de guerre civile ou guerres infra-étatiques, quelle que soit la zone géographique considérée, et renvoient aux caractéristiques, conditions et conséquences générales des transformations, voire de la « dégénérescence » des guerres postmodernes, avec leur cortège de violations, d’exactions et crimes : trafic de drogue, terrorisme, génocides, violences sexuelles, esclavage moderne etc.

Cette approche globale, ECI (Euro Coopération Ingénierie) l’a fait sienne, en prenant très vite  conscience de la nécessité d’apporter des réponses diversifiées aux aspects non moins multiples et complexes du problème et de les combiner dans ses opérations DDR (désarmement, démobilisation et réinsertion)[2]. Elle est aujourd’hui une association française type loi de 1901 bénéficiant d’une connaissance approfondie de l’Afrique et des zones de conflits, de l’acquisition de compétences solides en matière de gestion des crises et de conduite de projets, et bien entendu d’une diversité de compétences pluridisciplinaires et complémentaires qui fait la richesse et l’atout de l’équipe ECI. Celle-ci a compris que l’appréhension du problème qui nous concerne (la double équation peuple/armée et guerre/enfance) requiert l’adoption d’une démarche inclusive, plurielle, politico-militaire, bien entendu, de la part des Etats, mais surtout éminemment sociologique, historique et psychologique de la part des travailleurs humanitaires qui interviennent en fin de crise.

Les confrontations armées entre des mouvements insurrectionnels/ rebelles et les Etats sont générées et alimentées  par l’instabilité politique, l’absence d’Etat de droit et la mauvais répartition des richesses qui sévissent principalement dans les pays du continent noir, de l’Amérique latine et de l’Asie, obligeant ainsi les organisations internationales et les Etats à mettre en place des stratégies de longue haleine qui doivent  nécessairement concevoir la force comme un ultime recours, tant il est vrai – et l’expérience l’a maintes fois démontré – que miser prioritairement ou uniquement sur les moyens coercitifs comme le font certains gouvernements ne mène qu’à la perpétuation d’un cycle infernal, contraire à l’esprit et aux méthodes qui président au processus de DDR.  Ces outils constructifs doivent garantir à la fois la pérennité de la paix (ou du cessez-le-feu) et le développement durable des Etats, en permettant aux anciens soldats, adultes et mineurs, d’être préparés à leur retour dans la vie civile, via une assistance professionnelle (apprentissage des métiers), financière, ainsi qu’un sérieux suivi psychologique pour les catégories les plus jeunes, fragilisées par la guerre (et qui gardent de graves séquelles morales et physiques), en particulier les enfants coupés de leurs racines familiales, de leurs repères moraux et affectifs. C’est la mission prioritaire qu’ECI s’assigne dans ses projets de création de centres de réintégration d’enfants et adolescents[3] en coopération avec les gouvernements et la société civile des pays concernés.

Ibrahim El Ali en collaboration de Chady Hage-Ali

Mawassem-Khaer


[1] On estime entre 250 000 et 300 000 le nombre d’enfants soldats dans le monde. L’Afrique subsaharienne en mobiliserait plus de 120 000 dans la région des grands lacs. En Somalie, les nations-unies estiment leur nombre à 70 000. Les pays africains les plus concernés, dans le désordre, sont la République démocratique du Congo, le Burundi, le Rwanda, la Côte d’Ivoire, le Tchad, la Somalie, le Soudan, le Rwanda, la côte d’Ivoire, la Sierra Léone et le Libéria

[2] On parle également de DDRRR: désarmement, démobilisation, rapatriement, réintégration et réinstallation

[3] Parmi les projets d’ECI en cours, on peut citer la création d’un centre pour adultes en République démocratique du Congo, servant de socle et pouvant déboucher sur la création d’un centre accolé de réintégration des enfants & adolescents soldats, des filles et  des handicapés – les victimes des guerres – et le soutien du développement d´une société en paix. Au Burundi, ECI envisage, en association avec un projet conduit par une association d’anciens combattants, de développer d’un centre de reconversion et de professionnalisation. Au Tchad, ECI envisage de créer parallèlement deux centres dédiés à la reconversion des ex-soldats et des ex-enfants soldats. (Informations complémentaires disponibles sur le site web de l’association ECI : www.associationeci.wordpress.com

Une fois que le conflit s’achève, se pose immédiatement la question de la reconversion des enfants soldats, de leur réintégration dans un système en marge duquel ils ont trop longtemps vécu, car imprégnés exclusivement de codes de violence. La pérennité des moyens soulève de nombreuses  interrogations car la réussite de tels projets est conditionnée par l’implication réelle des Etats concernés (comme évoqué précédemment) et par un cadre stable sans lequel les projets ne peuvent prendre forme.  Les actions tant préventives que « post-conflits» doivent se focaliser sur l’éducation et la resocialisation, « (re)créer un lien social et moral rompu ou altéré ». Dans des pays où l’éducation nationale est très lacunaire à la base, le manque de moyens, de structures et d’outils pédagogiques se fait cruellement sentir. La perpétuation d’un cercle vicieux est dès lors inévitable, la misère et l’ignorance suscitant irrémédiablement la colère et le retour à la violence. Ce genre de contexte n’est pas propice à chasser les vieux démons qui hantent ces jeunes garçons et filles, soldats ou victimes collatérales des conflits. La première erreur de lecture serait de se concentrer sur des facteurs conjoncturels alors que les racines du problème restent peu ou prou constantes et intactes. L’endoctrinement et l’immixtion des enfants dans des conflits asymétriques ou inter-partisans, des guerres de clans ou civiles qui doivent en principe être l’affaire de soldats majeurs, sont favorisés par des « aimants structurels », propres à la plupart des pays du tiers monde et de l’Afrique, souffrant entre autres d’un IDH extrêmement faible et d’un taux de scolarisation très bas. Les enfants, soumis à des travaux ingrats, sont obligés de quitter très tôt l’école. Ils deviennent parfois les uniques soutiens de famille lors du décès ou de la maladie d’un père ou d’une mère. L’appel aux armes et l’argent facile (gagné grâce aux pillages, meurtres et massacres collectifs) constituent une tentation immense pour des enfants.

TEci-jck01outes les amnisties, les programmes de réconciliation nationale et les stratégies de DDR,  planifiés par les Etats et/ou les ANE (acteurs non-étatiques tels les ONG) resteront incomplets ou velléitaires si leurs initiateurs omettent une donnée fondamentale que les bourreaux et les victimes de ces conflits perdent  au terme de litanies de violences, d’horreur et de souffrances : le « goût de vivre » et surtout « la prise de conscience de la nécessité de vivre ensemble ». L’éveil de ces sentiments est essentiel et fondamental car c’est en lui que s’enchâssent les accords de paix, que s’articulent toutes les politiques de réconciliation, d’assistance et de réinsertion. Cette disposition psychologique est à la fois l’objectif, le principe et le fil conducteur dans l’élaboration de toute stratégie de « récupération » des  ex-combattants mineurs. En temps de guerre ou dans la misère extrême, la structuration mentale  de l’enfant est inexistante ou avortée: sans rêve, sans imaginaire, il n’y a pas d’horizon possible et faute de référents collectifs (moraux), ces jeunes sont condamnés à l’errance et perdent toute conscience d’une humanité partagée. Si un esprit rationnel, éloigné de la guerre et de la précarité  admet comme évident le fait que la violence aveugle n’est pas une chose naturelle ou allant de soi, il n’en est pas de même pour  les enfants soldats chez qui cette croyance erronée est à la base du fonctionnement. A la fin des conflits, le travail des gouvernements responsables et des organismes internationaux humanitaires consiste à les aider à retrouver une partie de leur innocence volée et surtout, la confiance envers les adultes, étape déterminante pour leur reconstruction personnelle.

Les programmes de réinsertion ne peuvent fonctionner qu’à la condition de s’inscrire dans un contexte de dialogue et paix (effective) entre gouvernements et factions armées. Le désarmement et la démobilisation sont des pré-requis qui ne peuvent être décidés que par les acteurs militaires et les autorités légitimes qui prennent (ou ont  pris) part aux conflits.  Sans cette volonté, les processus de DDR restent partiels, leurs avancées positives faibles et précaires, et  l’on peut  assister à tout moment à une remobilisation des soldats, situation qui saperait tous les efforts des organismes et associations  humanitaires actives sur le terrain, tout comme elle pourrait mettre directement la vie de ceux qui y travaillent en danger. Une alternative crédible à la violence doit donc être proposée aux groupes rebelles afin que ceux-ci acceptent d’abandonner la violence comme identité et moyen de subsistance. A tout moment, ces groupes peuvent se rééquiper en armes vendues sur le marché noir, reconstituer des embryons d’Etat ou structures proto-étatiques, volatiles, sous-terraines, bien organisées et hiérarchisées (pour certaines), financées par des réseaux clandestins, le banditisme et toutes sortes de trafics et d’aides extérieures qui assurent leur pérennité. La lutte contre ces réseaux doit être menée sans relâche par les gouvernements, parallèlement aux opérations de réinsertion dans lesquelles des associations comme ECI s’engagent.

Eci-jck04ECI, acteur humanitaire de premier plan, conçoit l’appropriation des valeurs  du milieu comme un pré- requis important pour instaurer un changement de mentalité. Prodiguer des soins et des traitements psychologiques à ces enfants selon des paramètres typiquement occidentaux est une démarche vouée à l’échec. A cet égard, il est essentiel de former des hommes et femmes, des soignants et personnels éducateurs africains, en leur inculquant les fondamentaux de la pédo-psychologie et de la socio-psychologie « à l’occidentale » mais surtout d’adapter au maximum leur formation aux réalités et aux sensibilités des sociétés concernés.

La  transmission et la pérennisation des savoirs et des sentiments humains aux ex enfants soldats, par le biais de mediums endogènes (privilégiant la communication interpersonnelle/l’oralité, les chants, les rituels, les danses, sketchs, ou les fameux « arbres à palabre »), ont plus de chance d’atteindre durablement le cœur des enfants et de leurs proches. Des tournées doivent être menées, de village en village, pour aider les familles à se réunir et les convaincre de retrouver et d’accueillir leurs enfants. Les pratiques dites de « guérison spirituelles » par l’autosuggestion et le truchement du sacré ou de la « magie » ont pu montrer bien des fois leur efficacité dès l’instant où  les jeunes soldats et leur entourage croient fermement que « le mal a été chassé de l’âme et du corps de ces derniers ». Cependant, l’on ne saurait miser uniquement sur les méthodes de pardon « ritualisé » et d’exorcisme. Pour optimiser les chances de réinsertion dans un délai raisonnable, les méthodes traditionnelles doivent être accompagnées d’intenses campagnes de communication plus variées et modernes, utilisant les médias de masse (affiches, radio, journaux, télévision). Cette conjonction dans les campagnes d’information et de communication pour la réconciliation tient compte de la possibilité que certaines franges de la population puissent être moins sensibles que d’autres aux ressorts émotionnels archaïques. Les projets de mise en place de centres de réinsertion en cours, devraient pouvoir, le temps du traitement des ex enfants-soldats, accueillir les familles et organiser des retrouvailles sous surveillance d’experts et de personnels qualifiés, permettant ainsi d’éviter les incidents tout en préservant un climat de paix et d’intimité et en favorisant de bonnes conditions de dialogue. Les thérapies doivent être, selon les cas, à la fois individuelles et collectives (suivant le principe d’amalgame), car permettre aux enfants de se confier, de parler ouvertement entre eux d’expériences douloureuses communes les rend solidaires les uns des autres. Il s’agit d’une étape importante vers l’exorcisation et la resocialisation.

ECIEn amont de toute action ou projet humanitaire porté par ECI, les gouvernements africains ont, en temps de paix ou de guerre, pour devoir  et responsabilité d’assurer la protection des régions les plus vulnérables et de veiller à ce que des mouvements de rébellion ne s’y implantent de nouveau et fassent de ces zones des tampons, des viviers de jeunes combattants et des sanctuaires pour se ravitailler et imposer leur loi. Les moyens coercitifs (policiers) et non-coercitifs (liés au développement et à l’éducation) doivent être conjointement menés pour que la délinquance qui jette les enfants et adolescents dans l’escarcelle de bandits et de milices pseudo-révolutionnaires, connaisse un recul constant et significatif. Les acteurs de programmes DDR (centres et  personnels) autant que leurs bénéficiaires doivent bénéficier d’un minimum de bonnes conditions de travail et de la protection des gouvernements dont ils viennent combler les lacunes. Le manque de protection des civils, souvent utilisés comme « boucliers humains » ou comme « chair à canon » par les pouvoir en place et forces rebelles qui orchestrent indirectement ou directement massacres et nettoyages ethniques, relève de la responsabilité unique des Etats qui ferment les yeux ou acceptent de voir s’installer les conditions d’un  génocide. Une pression internationale et des sanctions doivent être exercées contre les régimes qui cautionnent, encouragent ou laissent faire l’enrôlement militaire et le travail forcé des mineurs.

Ibrahim El Ali en collaboration de Chady Hage-Ali

Mawassem-Khaer